Le combat ne s'arrête pas quand la peinture a fini de sécher

15 Mei 2025

Le combat ne s'arrête pas quand la peinture a fini de sécher

Ce passage coloré n'est pas là pour rien. C'est une invitation : une invitation à participer à la construction d'une ville où l'on a le droit d'être soi-même.

Pendant la Pride Week, Bruxelles se pare de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les passages piétons arc-en-ciel sont également rafraîchis et, nouveauté, les couleurs du drapeau trans apparaissent à Molenbeek, Sint-Gillis et Schaerbeek : le bleu, le rose et le blanc. Un signal fort et surtout visible : c'est ici et partout que nous nous battons pour les droits des personnes LGBTQIA+. Mais les symboles ne suffisent pas.

En effet, pendant que nous peignions, nous avons dû faire face à de l'agressivité de la part de passants. Si même ces symboles d'inclusion et de sécurité suscitent de la résistance, il est clair que le travail est loin d'être terminé. Ce passage coloré n'est pas là pour rien. C'est une invitation : une invitation à participer à la construction d'une ville où l'on a le droit d'être soi-même.

Dans toute l'Europe et bien au-delà, nous observons une tendance dangereuse. La rhétorique haineuse et les lois anti-trans se multiplient. Les personnes transgenres sont marginalisées, silenciées et déshumanisées. Ces attaques ne sont pas une réalité lointaine : elles touchent également Bruxelles. La transphobie et l'homophobie continuent à exister, de manière insidieuse, même lorsque la peinture arc-en-ciel a séché.

En 2023, Unia a enregistré plus de rapports de discrimination et de crimes de haine contre les personnes LGBTQIA+. On n'efface pas tout cela d'un coup de pinceau. Il faut les combattre, chaque jour, par des actions et des actes politiques.

Parce que la Pride n'est pas un coup marketing. La Pride est une protestation. Que des dirigeants autoritaires comme Orbán en Hongrie veuillent interdire la Pride montre à quel point les droits acquis sont fragiles. L'extrême droite progresse, même chez nous. Si nous n'y prenons pas garde, le droit d'être soi-même et d'aimer qui l'on veut redeviendra l'enjeu de luttes politiques.

Bruxelles peut et doit prendre l'initiative dans ce domaine. En tant que capitale de l'Europe, nous avons une responsabilité particulière. Bruxelles ne doit pas seulement être un lieu sûr pour les personnes LGBTQIA+, mais aussi un fier bastion de leurs droits. Un engagement et une histoire déjà reconnus lorsque la « Brussels Pride » a été officiellement déclarée patrimoine culturel immatériel.

Pour de nombreux jeunes, la Pride est l'un des rares moments où ils se sentent vus, en sécurité et soutenus. Ce sentiment devrait être présent tous les jours. Dans chaque rue, dans chaque école, sur le lieu de travail de chacun. Bruxelles est encore loin d'être sûre pour tout le monde.

C'est pourquoi Bruxelles encourage chacun et chacune à s'engager. Chacun peut jouer un rôle dans la lutte contre les comportements transgressifs. En apprenant aux Bruxellois à intervenir et apporter leur soutien en toute sécurité, nous rendons notre ville plus humaine et plus sûre.

Nous sommes fiers de Bruxelles : une ville où cohabitent de nombreuses langues, identités et contrastes. Mais l'émerveillement ne suffit pas. Notre diversité mérite d'être protégée, de manière visible, tangible et quotidienne.

C'est pourquoi les responsables politiques doivent agir. Il est essentiel d'inscrire les droits des personnes LGBTQIA+ dans la Constitution. Ainsi, personne, pas même un futur gouvernement, ne pourra simplement leur retirer ces droits.

Un passage piétons arc-en-ciel n'est pas une fin en soi. C'est un signal visible que notre espace public est appartient à tout le monde. C'est pourquoi nous nous engageons, non seulement avec de la peinture, mais aussi avec des politiques, des actions de sensibilisation et un soutien permanent. Parce que la vraie égalité exige plus que des symboles. Elle exige du courage. Et une lutte quotidienne.